Introduction aux pensées de Marc Aurèle
L'empereur philosophe
Une jeunesse heureuse, un règne tourmenté
Marc Aurèle adopté par Antonin qui devient empereur en 138 en succédant à Hadrien.
Marc Aurèle devient empereur à 39 ans en 169 et prend son frère d'adoption Lucius Verus comme co-empereur.
Règne tourmenté, entre décès, de Lucius Verus, de sa femme, nombreux conflits aux frontières de l'empire, trahisons, maladies.
Mort en 180
L'évolution vers la philosophie
Un philosophe, dans l'Antiquité, c'est quelqu'un qui vit en philosophe, qui mène une vie philosophique.
Il n'est alors pas nécessaire pour un philosophe de contribuer à une théorie philosophique pour s'en revendiquer, seulement de vivre selon ses principes.
Aussi, avoir vécu un enseignement philosophique ne fait pas le philosophe.
Être philosophe, ce n'est pas avoir reçu une formation philosophique théorique, ou être professeur de philosophie, c'est, après une conversion qui opère un changement radical de vie, professer un mode de vie différent de celui des autres hommes.
Junius Rusticus est le principale maître de philosophie de Marc Aurèle. Il l'initie à vivre en philosophe, et à délaisser ses enseignements sophistiques et rhétoriques au profit de l'enseignement de la philosophie.
Il l'introduira aussi à la pensée d'Épictète, figure dominante du stoïcisme du 2eme siècle.
L'empereur philosophe
La vie philosophique de Marc-Aurele est connue de tous et il s'entoure aussi durant son règne de nombreux philosophes, stoïciens ou aristotéliciens.
Premiers aperçus sur les pensées
Destin d'un texte
L'empereur écrivait ce texte pour lui même de sa propre main.
Première référence claire à l'ouvrage au Xe siècle dans le monde byzantin. Réapparition au xvi e siècle dans le monde occidental.
Très peu de manuscrits ont survécu à l'épreuve du temps, il est donc difficile de corriger les erreurs que les nombreuses copies et traductions ont pu introduire dans le texte.
Le titre
Les ouvrages de l'antiquité n'avaient souvent pas de titre avant leur publication, ainsi l'ouvrage a eu de nombreux titres différents dans ses multiples traductions et éditions.
Les pensées comme notes personnelles (Hypomnémata)
Dans la perspective de l'imminence de la mort, une seule chose compte : s'efforcer d'avoir toujours présentes à l'esprit les règles de vie essentielles, se remettre toujours dans la disposition fondamentale du philosophe qui, nous le verrons, consiste essentiellement à contrôler son discours intérieur, à ne faire que ce qui rend service à la communauté humaine, à accepter les événements que nous apporte le cours de la Nature du Tout
Les Pensées pour soi même sont donc bel et bien des hypomnémata, en cela qu'elles sont un outils de mémoire. Elle revêtissent souvent la forme d'un dialogue intérieur.
Elles sont rédigées par Marc-Aurèle lui-même, sans secrétaire et au fil de l'eau, sans chercher à produire un ouvrage complet.
C'est seulement en présence de nous-même que nous pouvons réfléchir à ce qui nous est le plus intime. La présence d'un autre, auquel on parle, auquel on dicte, au lieur de se parler à soi-même, rend le discours intérieur en quelque sorte banal et impersonnel.
Les pensées comme exercices spirituels
La "pratique" et la "théorie"
Dans l'antiquité, la philosophie est avant tout une manière de vivre. Les Pensées ont donc pour objectif de décrire cet idéal de vie qui souvent se résume à trois règles de vie:
L'homme ordinaire se contente de penser de façon quelconque, d'agir au hasard, de subir en maugréant. L'homme de bien, pour sa part s'efforcera, autant qu'il dépend de lui, d'agir avec justice au service des autres hommes, d'accepter avec sérénité les évènements qui ne dépendent pas de lui et de penser avec rectitude et vérité
Ces règles de vie sont la mise en pratique des "dogmata", des theôréma, principes plus théoriques, de Marc-Aurèle:
Un dogme, c'est un principe universel qui fonde et justifie une certaine conduite pratique et peut se formuler en une ou plusieurs propositions.
Le dogme fondamental stoïcien est que seul la vertu est un bien, et seul le vice est un mal:
Il n'y a de bien pour l'homme que ce qui le rend juste, tempérent, courageux et libre, et il n'y a de mal pour l'homme que ce qui provoque en lui les vices opposés.
Les Pensées ont donc pour objectif de sans cesse rappeler ces dogmes et règles de vies qui en découlent pour ne pas les perdre de vue.
Les dogmes et leur formulation
Le rappelle, la répétition, des dogmes principaux du stoïcisme permet notamment de rappeler leurs démonstrations, qui ancrent donc les dogmes comme certitudes.
Pour rendre ce rappel plus efficace, il faut pour ces dogmes être concis et clairs.
Les 3 règles de vie découlent de différents dogmes fondamentaux:
- La discipline de la pensée réfèrent aux dogmes qui affirment la liberté de jugement
- La discipline de l'action suppose les dogmes qui affirment l'existence d'une communauté des êtres raisonnables
- La discipline du consentement aux évènements réfère aux dogmes de la providence et de la rationalité de l'univers
Les trois règles de vies ou disciplines
Les 3 règles de vie découlent des 3 activités de l'âme
Ces trois disciplines de vie sont véritablement la clé des Pensées de Marc-Aurèle. C'est en effet autour de chacune d'elles que s'organisent, que se cristallisent les différents dogmes dont nous avons parlé. À la discipline du jugement se rattachent les dogmes qui affirment la liberté de juger, la possibilité qu'a l'homme de critiquer et de modifier sa propre pensée ; autour de la discipline qui dirige notre attitude à l'égard des événements extérieurs se regroupent tous les théorèmes sur la causalité de la Nature universelle ; enfin, la discipline de l'action se nourrit de toutes les propositions théoriques relatives à l'attraction mutuelle qui unit les êtres raisonnables.
Les exercices de l'imagination
Utilisation de l'imagination comme rappel de l'impermanence des choses, que la vie est brève
L'écriture comme exercice spirituel
Distinction de ce qui est causal et de ce qui est materiel:
Distinguer l'élément causal, c'est reconnaître en soi-même le principe qui dirige tout l'être (l'hégemonikon), le principe de pensée et de jugement qui nous rend indépendant du corps, le principe de liberté qui délimite la sphère de ce qui dépend de nous, par rapport à ce qui ne dépend pas de nous.
Ce qui nous trouble, ce ne sont pas les choses, mais nos jugements sur les choses
Épictète|Manuel
Le but des propos d'Épictète, c'est donc de modifier le discours intérieur de ses auditeurs. A cette thérapeutique de la parole qui s'exerce sous des formes diverses, grâce à des formules frappantes et émouvantes, à l'aide de raisonnements logiques et techniques, mais aussi d'images séduisantes et persuasives, répondra donc une thérapeutique de l'écriture pour soi, qui consistera pour Marc-Aurèle, en s'adressant à lui-même, à reprendre les dogmes et les règles d'action, tels qu'ils ont été énoncés par Épictète, pour les assimiler, pour qu'ils deviennent les principes de son discours intérieur.
L'exercice spirituel de répétition inlassable de ces mêmes principes cherche à les rendre toujours vivants dans l'esprit de Marc-Aurèle, toujours intensément présents.
L'esclave-philosophe et l'empereur-philosophe. Épictète et les Pensées
Souvenirs de lectures philosophiques
Mentions/citations de:
- Héraclite
- Les inconscients sont comme en sommeil
- Tous collaborent pourtant au grand drame que faitjouer La Nature, y compris opposant et dormeurs
- Les inconscients se sentent étrangers à La Nature
- Opposition à la vision atomiste de Démocrite
- Platon
- Pythagore
- Épicure``
Dans toutes ces mentions, Marc-Aurèle récupère ce qu'il y a de stoïcien dans la doctrine présentée
[Les stoïciens] savaient très bien qu'il y avait une opposition radicale entre la doctrine stoïcienne et la doctrine épicurienne, ainsi qu'entre l'attitude pratique stoïcienne et l'attitude pratique épicurienne. Mais ils savaient aussi qu'épicurisme, stoïcisme, platonisme, aristotélisme n'étaient que des formes différentes et opposées d'un même mode de vie, le mode de vie philosophique
L'enseignement d'Epictète
Épictète évoqué de manière récurrente dans les textes du 2e siècle
Vit dans la seconde moitié du 1er siècle ap jc. Esclave, son maître lui permet de suivre les cours de Musonius-Rufus.
Une fois affranchi, il ouvre sa propre école à Rome.
En 93, Domitien expulse tous les philosophes de Rome. Termine sa vie en Grèce.
Épictète n'a rien écrit, c'est Arrien qui a publié ses notes de cours : Propos, Entretiens et Manuel
Manuel = ce que l'on a sous la main, en n'importe quelle circonstances => ce que Marc-Aurèle met en œuvre avec ses Pensées pour soi même
Manuel = choix de textes tirés des Propos, anthologie
Cependant Arrien n'a pas retransmis l'intégralité des cours d'Épictète. Notamment, les explications des textes fondateurs de l'école, les lectio (leçons), partie centrale des écoles de philosophie antique sont manquantes.
Ce qu'Arrien à retransmis n'est donc pas le cœur de l'enseignement, de la doctrine stoicienne. Ce n'est que la partie non théorique et technique.
Par ailleurs, les notes d'Arrien ne concernent que quelques années des 30 ans d'existence de l'école d'Épictète. Même sur ces quelques années, des livres entiers des Entretiens ont été perdus à ce jour, bien qu'ils soient mentionnés, notamment par Marc-Aurèle
C'est donc une vision très incomplète de la philosophie d'Épictète qu'il nous reste.
Les trois règles de vie ou disciplines selon Épictète
La tripartition des fonctions de l'âme est une doctrine propre à Épictète, qui ne se retrouve pas dans le stoïcisme antérieur.
Opposition de:
- représentations - phantasiai
- désirs - orexeis
- impulsions vers l'action - hormai
Influence d'Ariston?
La position d'indifférence vis-à-vis des indifférents est un position très marquée chez Ariston, bien que présente chez tous les stoïciens
Le principe de tout stoïcisme en effet, c'est précisément l'indifférence aux choses indifférentes : cela signifie, premièrement, que la seule valeur est le bien moral, qui dépend de notre liberté, et que tout ce qui ne dépend pas de notre liberté (la pauvreté, la richesse, la santé, la maladie) n'est ni bon ni mauvais, et donc indifférent ; en second lieu, que nous ne devons pas faire de différence entre les choses indifférentes, c'est-à-dire que nous devons les aimer également parce qu'elles sont voulues par la Nature universelle.
Ariston se differenciait en considérant tous les indifférents comme indifferenciés : rien n'a d'importance dans la vie quotidienne, ce qui le rapprochait de position sceptiques.
Les stoïciens plus orthodoxes reconnaissaient une certaine valeurs au indifférents qui découlaient d'obligations politiques, familiales, sociales, ...
En cela, Marc-Aurèle n'est pas influencé par Ariston
Le stoïcisme d'Epictète
Caractéristiques générales du stoïcisme
Zénon de Citium et Chrysippe à l'origine de cette école, à Athènes 400 ans avant Épictète
Naissance à partir de:
- physique héraclitéenne
- tradition dialectique des Mégariques et d'Aristote
L'esprit du socratisme, c'est donc l'affirmation de la valeur absolue du bien moral, découvert par la raison
physique d'Héraclite:
Feu est l'élément originel
Le Logos ordonne l'univers selon des enchaînements nécessaires
Ce qui est au centre de ce système c'est le logos, la Raison universelle.
Une philosophie de la cohérence avec soi-même
Toujours vouloir la même chose, toujours refuser la même chose.
Sénèque
Notion du Retour Éternel: l'univers vient du feu originel et y retourne et tout ce qui se passe entre ces moments est entièrement déterminé par la Raison Universelle et se répétera éternellement => le sage doit vouloir intensément que les choses arrivent éternellement comme elles arrivent
Le sage est posé comme un idéal que seul les dieux atteignent. Le philosophe aime cette sagesse, y aspire mais sait qu'il ne l'a pas atteinte. En cela il est entre les hommes, qui se pensent sages mais ne le sont pas, et les dieux, qui sont sages.
Le sage stoïcien est l'égal de dieu, dieu = Raison Universelle qui produit les événements en cohérence avec le logos
Seul le sage est capable de faire coïncider sa raison avec la Raison universelle. Mais cette coïncidence parfaite ne peut être qu'un idéal. Le sage est nécessairement un être d'exception. [...] Il en résulte que [...] toute l'humanité est insensée. Il y a chez les hommes une corruption, une déviation quasi générale de la raison
Insensés = non-sages non conscients
Philosophes = non-sages conscients qui essayent de progresser vers la sagesse
Les parties de la philosophie selon les stoïciens
Pour les platoniciens:
- Dialectique (=logique?)
- Physique
- éthique
La dialectique est la plus importante car elle permet de découvrir les Idées. L'éthique est la moins noble car elle correspond à des actions contingentes et incertaines dans le monde humain
Pour les stoïciens, les 3 disciplines se rapportent au logos appliqué à différentes échelles: le monde, la société et soi-même. Les 3 disciplines sont donc en réalité une seule et même théorie: être en harmonie avec le logos.
Les 3 disciplines sont en fait dissociées pour des besoins pédagogiques:
Tant que l'auditeur n'a pas assimilé intérieurement telle ou telle doctrine, il est inutile ou impossible de lui parler d'autre chose [...] Il est souvent difficile de sauvegarder l'ordre logique, si l'on veut tenir compte de l'état spirituel de l'auditeur.
Quel est alors l'ordre logique pour les présenter? Qu'est ce qui est le plus au centre de la doctrine?
Ordre logique:
- logique
- physique
- éthique
Ordre pédagogique: - logique
- éthique
- physique
Ou bien méthode melee:
La méthode d'enseignement doit être intégrale à chacun de ses moments, puisqu'il ne s'agit pas d'acquérir trois savoirs théoriques séparés les uns des autres, mais de s'exercer à l'acte unique de la sagesse qui est indissolublement pratique de la physique, de l'éthique et de la logique.
Car en réalité ces 3 disciplines sont mêlées en pratique, les séparer n'est qu'une méthode pédagogique.
Les trois actes de l'âme et les trois thèmes d'exercice selon Épictète
Épictète comme version assez orthodoxe du stoïcisme, assez similaire aux fondateurs comme Chrysippe
Les 3 activités de l'âme sont une spécificité de Marc-Aurèle et Épictète
- désir d'acquérir ce qui est bon
- l'impulsion à agir
- Le jugement sur la valeur des choses
Ce qui dépend de nous, ce sont donc les actes de notre âme, parce que nous pouvons les choisir librement : nous pouvons juger ou ne pas juger, juger de telle ou telle manière, nous pouvons désirer ou ne pas désirer, vouloir ou ne pas vouloir. Au contraire, ce qui ne dépend pas de nous [...], c'est tout ce qui dépend du cours général de la nature.
Le stoïcien délimite donc un centre d'autonomie: l'âme, par opposition au corps, le principe directeur (Hégemonikon) par opposition au reste de l'âme, et c'est dans ce principe directeur que se situent la liberté et le vrai moi.
Pour les stoïciens, la vertu est une disposition de la partie directrice de l'âme... ou plutôt est la raison cohérente avec elle-même, ferme et constante. Ils ne croient pas que la faculté passionnelle et irrationnelle soit distincte de la faculté rationnelle par une différence de nature. [...] La passion est ainsi la raison, mais vicieuse et depravée, qui, par l'effet d'un jugement mauvais et perverti, a acquis force et vigueur.
Plutarque
Les trois thèmes d'exercices et les trois parties de la philosophie
Lien entre les 3 activités de l'âme et les 3 disciplines de la philosophie antique
Désir associé à physique car la connaissance de la physique revient à connaître la Nature Universelle et la discipline du désir cherche à s'y conformer en laissant de côté tout désir qui ne dépendrait pas de nous
Le consentement au Destin, l'obéissance aux dieux, qui est l'essentiel de la discipline du désir, suppose donc une prise de conscience de la place de l'homme dans le Tout et donc une mise en pratique de la physique
En cela, la discipline du desir est plus qu'une simple acceptation de ce qui arrive: c'est une contemplation admirative de l'œuvre de Dieu.
L'enseignement théorique premier doit donc être celui de la physique afin d'être capable de distinguer bien et mal.
La doctrine du Tout
Le stoïcisme et les 3 disciplines de la philosophie antique nous invitent à vivre en adéquation avec les grand Tout, en se rappelant qu'on en est qu'une part:
- la physique avec le cosmos
- l'éthique avec l'humanité
- la logique avec la nécessité
Le stoïcisme des Pensées. La citadelle intérieure ou la discipline de l'assentiment
La discipline de l'assentiment
Quels exercices pour pratiquer les 3 disciplines?
La représentation objective ou adéquate (phantasia kataléptiké)
Discipline de l'assentiment = n'accepter en soi même aucune représentation qui ne soit objective ou adéquate.
Sensation => creation d'un image (phantasia) dans l'âme (dans la partie directrice) : aspect passif
=> modification de l'âme, création de discours intérieurs liés à cette phantasia et d'autres phantasiai : aspect actif
Il ne s'agit pas de dire que l'on peut faire fi de la partie passive provoquée par une sensation, la liberté et donc la raison n'intervient que dans l'assentiment, le jugement, que l'on donne ou non à ces images qui se sont formées, leur partie active
Ne te dis rien de plus à toi-même que ce que te disent les représentations premières. On t'a dit: "Un tel a dit du mal de toi." Cela, elles te le font savoir. Mais : "On t'a fait du tort", elles ne te le font pas savoir.
Marc-Aurèle|Pensées pour moi-même
Représentation adéquate = qui correspond exactement à la réalité, qui engendre en nous un discours qui n'est rien de plus que la description pure et simple de l'évènement
La définition physique
Il faut toujours se faire une définition ou une description de l'objet qui se présente dans la représentations, afin de le voir en lui-même, tel qu'il est en son essence, dans sa nudité, dans sa totalité et dans tous ses détails, et se dire à soi-même le nom qui lui est propre et le nom des parties qui le composent et dans lesquelles il se résoudra
Marc-Aurèle|Pensées pour moi-même
Représentation adéquate en dépouillant la réalité des conventions et représentations que les hommes y ajoutent habituellement. Nudite du réel, quitter la vision antropomorphique
La citadelle intérieure
Les choses ne touchent pas l'âme
De même, dit Chrysippe, qu'en poussant le cylindre, on lui a fait commencer son mouvement, mais on ne lui a pas donné la propriété de rouler, de même la représentation imprimera, certes, et marquera sa forme dans l'âme, mais notre assentiment sera en notre pouvoir ; poussé de l'extérieur, comme le cylindre, il se mouvra par sa force propre et par sa nature
Marc-Aurèle|Pensées pour moi-même
La frontière que ne peuvent franchir les choses, c'est la limite de [...] la "citadelle intérieure", ce réduit inviolable de liberté
Citadelle intérieure = Hégemonikon
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais leurs jugements sur les choses
Épictète|Manuel
L'âme est libre de juger des choses comme elle le veut
Le principe directeur est libre de ne donner son assentiment qu'à la représentation adéquate ou d'y ajouter un jugement de valeur qui n'est pas contenu dans la réalité objective.
Cette valeur que nous décidons d'accorder aux indifférents est donc déterminée par les humains seulement et nous pouvons décider de nous en libérer
Ne te dis pas à toi-même que ces choses indifférentes te sont nécessaires, et elles ne le seront plus
Épictète
La découverte simultanée du monde et du moi
Dans l'acte même par lequel nous transformons le regard que nous portions sur les choses, nous prenons conscience précisément aussi de la possibilité que nous avons de transformer ce regard, donc du pouvoir intérieur que nous avons de voir les choses [...] telles que nous voulons les voir. Autrement dit, grâce à la discipline de l'assentiment, la transformation de la conscience du monde entraîne une transformation de la conscience du moi.
=> le vrai moi n'est pas celui que je croyais, mais plutôt le principe directeur
Circonscrire le moi
trois sont les choses qui te composent: le corps, le souffle vital, l'intellect.
De ces choses, deux ne sont tiennes que dans la mesure où tu dois en prendre soin, la troisième, seule, est proprement tienne.
=> séparation de l'âme en principe vital ("souffle vital") Et principe directeur, spécifique à Marc-Aurèle
Prendre soin du corps et du souffle vital => devoirs, actions appropriees (catekonta?)
Il faut retrancher ces deux choses : la crainte de l'avenir, le souvenir des maux anciens. Ceux-ci ne me concernent plus et l'avenir ne me concerne pas encore
Sénèque
Cercles extérieurs à moi:
- les autres
- Le passé et l'avenir
- les émotions involontaires, souffle vital inné
- Le cours des événements, le destin
Le principe directeur trace en quelque sorte une frontière entre les émotions sensibles et sa liberté de jugement, en refusant de consentir, de donner son assentiment à des jugements qui attribueraient une valeur positive ou négative aux plaisirs ou aux peines qui se produisent dans le corps.
Pierre Hadot
Il y a des maux qui atteignent le sage, sans l'abattre d'ailleurs [...] : à ces choses, j'avoue qu'il est sensible, car nous ne lui imposons pas la dureté du roc ou du fer. Il n'y a pas de vertu à supporter ce qu'on ne sent pas.
Sénèque
Les passions naissent d'un premier mouvement involontaire, il s'agit, en ne leur donnant pas son assentiment, d'éviter qu'elles ne se développent
Un fleuve de tous les évènements, un courant violent, voilà l'éternité; à peine chaque chose est-elle apparue qu'elle est déjà passée, une autre passe, et elle aussi