Le nazisme est un modernisme réactionnaire:

• inscrit dans la modernité dans sa logique et ses instruments
• orienté vers un passé fantasmé, pur, qui doit être recréé

Parmi ce passé fantasmé figure l'antiquité grecque: ils prétendent que les grecs sont des germains qui auraient colonisé le sud méditerranéen, dans l'objectif de situer le Reich dans la continuité de la Grèce antique.
Cela permet aussi de remettre les ennemis de l'Allemagne dans la lignée de ceux qui ont causé la perte des grecs et des romains: perses, carthaginois, comploteurs romains, intégration des barbares dans la civilisation.

[Pour les nazis] Récrire l'Histoire de l'antiquité, dans les manuels scolaires comme dans les films et dans l'architecture des villes, doit permettre de retrouver la race dans un bain de régénération bienvenu, après les mélanges et les étiolements de la modernité. Le recours à l'antiquité est constitutif d'une révolution culturelle, au sens premier, et étymologique, du terme : il s'agit de revenir à l'origine, à la tête blonde qui vivait selon son instinct et non selon les lois léguées par les (judéo-)chrétiens. Pas d'homme nouveau, chez les nazis : l'archétype c'est bel et bien l'archaïque.

Johann Chapoutot|Le Grand Récit

C'est donc un rapport anhistorique qu'ils ont à l'histoire. Une histoire figée, comme dans leur projet de Reich millénaire. Cet aspect eschatologique explique aussi leur rapport à la religion, le nazisme s'approchant d'une religion séculaire.
Aussi, là où le fascisme italien s'accommode du catholicisme, les nazis cherchent à s'écarter de l'héritage judeo-chrétien et à le remplacer par une religion de la race.