La vision complotiste du monde n'est pas une nouveauté de l'hyper-modernité.

Le complotisme est un outils de création de sens, de mise en ordre de la réalité.
Dès la Révolution, l'imaginaire royaliste se nourri de l'imaginaire du complot : la Révolution est un complot maçonnique contre Dieu, l'église et le roi.

Les francs-maçons s'émancipent du joug de l'église pour réfléchir aux grandes questions philosophiques.
Ils auraient, d'après la vision complotiste de la Révolution, déclenché les famines qui menèrent à la Révolution.
Au 19eme siècle, ces théories et les théories du complot antisémites se développent, afin de réenchanter un monde hostile aux anciens nobles.

Au moment où la Révolution proclamait la laïcité [...], l'imaginaire complotiste réinstallait le sacré, la magie, le merveilleux dans ses droits, et offrait à des partisans désordonnés un récit qui les confortant dans leurs convictions profondes, les consacrait comme martyrs et les consolaient

Johann Chapoutot|Le Grand Récit

Au court du 19eme siècle. Le diable du complot devient le juif. À l'antisémitisme millénaire en Europe s'ajoute le poids des nouveaux bouleversements politiques. Les juifs, libérés du ghetto grâce à la révolution sont vus comme les principaux bénéficiaires de ce traumatisme.

Le Complotisme apparaît comme la tentation permanente et le refuge psychique des "perdants", dont il exprimerait le double sentiment de révolte et d'impuissance tout en les réconfortant.

Pierre-André Taguieff|Les théories du complot